La nécessité de décrocher un peu et de faire attention à ce que l’on écrit en public : article complet du Spartacus février 2017
→ PROFESSIONNELLEMENT: La fausse liberté d’écrire
Certes Jean-Sol Partres estimait que la liberté est absolument entière, c’est-à-dire que chacun était absolument libre de faire ce qu’il voulait, mais en réalité, dans un contexte professionnel, ce n’est pas si simple. Nombre d’employeurs assument « googliser » le nom de leurs employés ou candidats avant un entretien. Il est difficile lors d’un entretien d’assumer telle partie trop arrosée ou telle énième conquête. Il ne faut pas avoir honte d’une vie bien remplie ou d’être absolument bizarre, mais l’afficher publiquement n’est pas la meilleure des solutions lorsque l'on recherche une vie rangée. Vous pouvez assumer - mais pas l’écrire n’importe où - appartenir à une troupe de reconstitution historique, être bassiste dans un groupe de viking métal, mais attendez-vous à rejet simple lors d’un entretien pour rentrer dans l’orchestre de musique de chambre de Berlin ou lorsque vous postulez à un poste de défenseur de la paix à l’ONU.
→ ÉCONOMIQUEMENT: le temps de cerveaux disponible
En prenant un chiffre bas de 1 h et 15 minutes par jour (chiffres issus du blog des modérateur, twinbi, référenceur), les gros utilisateurs de réseaux sociaux n’y passent pas tant de temps. Pourtant, c’est un temps qui souvent empiète sur celui du travail ou des moments conviviaux. Une perte de temps, une baisse d’activité sociale « réelle » dans le sens où elle remplace parfois les relations classiques ; boire un coup entre copains et passer du temps en famille ? En tout cas, un trou dans le porte-monnaie...
Le salaire net (chiffre INSEE, 2013) moyen est de 1722 euros par mois en France. Le temps de travail en France est de 1559 heures annuellement (chiffre INSEE, 2007), soit environ 6 heures et 45 minutes travaillées quotidiennement ou 19 jours par mois pour 230 jours travaillés annuellement.
Ceci amène le salaire horaire net moyen à 13,26 euros de l’heure. Soit un « salaire perdu » de 504,68 euros mensuellement c'est-à-dire plus des 499 euros mensuel d’un RSA pour une personne seule. Ceci, bien sûr, si l’on considère que le temps, c’est de l’argent comme l'aurait si bien dit Benjamin l'américain...
→ SUR LA SANTÉ : les yeux carrés
Quoi qu’il en soit, ces grosses 38 heures par mois de temps passées sur les réseaux sociaux accaparent de longs moments. Certes, nous ne dormons qu’aux alentours de 7 h 45 minutes par nuit (chiffre INSEE, 2012), mais cela représente donc en gros 15 % de notre temps de sommeil. Or l’utilisation d’un écran juste avant de dormir amène cauchemars et énervement. D’autant que ce n’est pas le seul temps passé devant un écran dans la journée.
→ SUR LA LIBERTÉ : la perte d’informations personnelles
Bien sûr, la plupart des réseaux sociaux auxquels nous accordons le plus de temps sont gratuits. Cependant, pour faire fonctionner les serveurs de ces systèmes et pour s’enrichir dessus, il faut bien tirer de l’argent de quelque part. En l’occurrence, les administrateurs des réseaux vendent les données personnelles stockées dessus à des sociétés privées qui font ensuite de la publicité ciblée. Tout ceci rapporte donc de l’argent aux réseaux sociaux. Outre le côté immoral que l’on peut y trouver – faire lire les préférences gustatives de mon chat à Fac*k m’outrage – toutes ces données peuvent tout aussi bien être utilisées par des gens mal intentionnés. C’est le cas pour Anas Modamani qui a subi des attaques ciblées par des groupes d’extrême droite allemands, lors des événements terroristes qui se sont produits en Allemagne durant les fêtes de noël, en parodiant sa photo « selfie » avec la chancelière allemande.
Pierre o'la Lune